Jeudi 09 janvier:

Nous quittons Vientiane en direction du sud pour la province de Khammouane. A partir de la ville de Thakhek il existe une excursion appelée « the loop » qui est une boucle de 400km que les backpackers réalisent en 3/4 jours en scooter.
Conscients qu’il serait compliqué pour nous de la faire en imposant aux enfants de longues journées de scooter d’affilées et aussi la contrainte d’avoir des sacs à dos pour nous 4, pour 4 jours, je propose de nous rendre en bus directement de Vientiane vers le plus beau site de cette boucle: la grotte de Kong Lor. Nous verrons bien sur place pour louer des scooters à la journée.
Nous partons en mini bus. Nous sommes les seuls touristes à part un autre couple d’étrangers. La climatisation naturelle du bus consiste à laisser la porte ouverte pendant le trajet. C’est pratique ça offre une fenêtre supplémentaire pour la vue.

La route est asphaltée, donc confortable. Après la ligne droite de la route 13 qui longe le Mékong (construite par les chinois), nous bifurquons à l’Est dans les montagnes sur une route qui va jusqu’au Vietnam. Donc empruntée par bon nombre de gros camions. Puis virage au sud en direction du cul de sac de Kong Lor. La petite route entourée de champs cultivés et de montagnes Karstiques est magnifique. De nombreux villages dans lesquels habitent les paysans de ce coin agricole tranquille et authentique. Jolies petites maisons de bois sur pilotis, entre lesquelles slaloment des vaches, quelques chèvres, de nombreuses poules sous le regard alangui des chiens des villages qui se réchauffent allongés sur l’asphalte.
Nous arrivons après 6h de bus dans notre guest qui proposent des rangées de bungalows en paille tressée sur pilotis. C’est tellement charmant que nous décidons d’office de rester 4 nuits.

Nous demandons s’il y a une place pour louer des scooters ? Non! des vélos ? Non plus! ( Une petite guérite en loue mais ce sont des VTT trop grands pour Bathilde). Bon bha tant pis, on fera la visite de la grotte et 3 jours relaxes.

Vendredi 10 janvier:
Nous passons au travers des maisons du village et avançons vers l’entrée du site de la grotte. Le village est pittoresque, authentique et poussiéreux de terre battue. Les enfants qui y vivent sont tous un peu crasseux à force de jouer proche du sol, et avec le vent qui n’arrange rien, nous finissons tous enfarinés de poussière.

Les locaux nous regardent curieusement car nous sommes derrière la route principale et je ne suis pas sure que beaucoup de touristes passent par là, mais le sourire et les Sabaidi de nos enfants brisent la glace et les locaux nous répondent tout aussi chaleureusement en complimentant les filles dans leur langue.

Nous traversons la petite forêt qui amène à la grotte. Des lianes incroyables s’agrippent aux arbres comme du chiendent et se balancent d’une branche à l’autre. Une très jolie rivière bordée de sable fin amène à l’entrée de la grotte. Les filles sont tellement contentes de jouer dans le sable qu’elles nous supplient de rester un peu ( que voulez-vous, des années de vacances scolaires à Bray Dunes, ça vous marque !) .
Nous rentrons à la guest et décidons de faire la visite de la grotte le lendemain.

Samedi 11 janvier:
Nous prenons le petit déjeuner dans le Happy bar de la route principale dont la cuisine est excellente et à un très bon rapport qualité/prix ( car jusqu’à présent nous n’avons rien trouvé d’exceptionnel à la nourriture du Laos ). Hugo en discutant avec le propriétaire réussit à le convaincre de nous louer 2 scooters pour la journée du lendemain. Nous proposons de venir les chercher dans la soirée ce qui lui laisse le temps de s’organiser avec ses amis. Le marché est conclu pour 200 000 Kips par scooter. C’est 80 000 kips de plus que d’habitude mais étant donné que ça ne court pas les rues et qu’au final 200 000 kips représente 9 euros, on est dans notre budget.
Nous partons supers contents de cette bonne trouvaille en route pour notre excursion: La grotte de Konglor.

La traversée de cette grotte dure 45 minutes en bateau pirogue. Et c’est une expérience exceptionnelle.

La montagne s’est creusée de l’intérieur au fur et à mesure des millénaires par l’infiltration des eaux de pluie qui en passant au travers de sa végétation et de la terre s’est chargée en CO2 ce qui l’a rendue suffisamment acide pour corroder la roche calcaire et s’infiltrer dans les fissures de la montagne. Avec le temps les fissures ont formé de plus grandes cavités et les plafonds se sont effondrés agrandissant ainsi les galeries de la grotte. Les galeries ont finies par se relier les unes aux autres et par permettre à la rivière Hin Boun venant de la vallée de Natane de traverser la montagne en passant par la grotte. Il y a environ 10m de dénivelé sur les 7km qui séparent l’entrée de la grotte à Natane jusqu’à sa sortie à Konglor.

Nous avons une pirogue pour nous 4 avec le batelier. Les pirogues au fond plat prennent 4 personnes max. Le niveau de l’eau, surtout en cette saison sèche, est très bas, et il fait tout noir dans la grotte. Alors on nous distribue des frontales. Celle du chauffeur étant la plus puissante. Bien que je le soupçonne d’être capable de la traverser quasiment les yeux fermés tellement il semble connaître le chemin et les recoins par lesquels passer par coeur, passant parfois à quelques centimètres d’une roche tombée dans l’eau sans feindre la moindre hésitation.
C’est une atmosphère hors du commun entre la résonance des bruits de moteur, la fraîcheur et l’humidité de la cave qui dégagent une odeur toute particulière, nos faisceaux de lumière qui percent l’obscurité, tantôt pour éclairer une berge de sable, l’eau translucide, le plafond et ses draperies aux formes changeantes, les parois et leurs différents reliefs…. C’est un voyage qui laisse tellement de place à l’imagination et au fantastique que nous procurent ce lieu.
Lors de la traversée il y a deux escales à terre de prévu pour admirer les galeries, leurs formes et leurs hauteurs vertigineuses. Ces arrêts sont superbement bien balisés avec un éclairage sur détecteur de mouvement, des escaliers et des passerelles en métal très sécurisés. On s’en met plein les yeux. Il y a des endroits tellement hauts qu’on dirait des cathédrales de stalagmites.

Certains touristes en voyage organisé ont embarqué avec leur moto trail allongée sur la pirogue. Et c’est tout un spectacle de les voir glisser dans un petit rapide de la grotte avec ce chargement insolite !

Une fois de l’autre côté nous sortons de la grotte dans une jungle luxuriante. La rivière est assez étroite. Et le voyage s’arrête un peu plus loin où se trouvent des gargotes pour le déjeuner. Nous allons nous dégourdir les jambes en faisant 1km vers le prochain village. Nous croisons quelques villageois, toujours aussi souriants, photographions quelques enfants qui courent après nous pour nous taper dans les mains, et nous faire des coucous de la main. Puis nous déjeunons dans une des gargotes et reprenons la pirogue en sens inverse. Et c’est toujours aussi magique !

Le guide est très prévenant avec nous pour les descentes et les montées dans la pirogue. Il fait bien attention aux enfants et nous laisse le temps de visiter les galeries à notre rythme. Grâce à lui, nous aurons l’un des arrêts rien que pour nous ayant choisi de nous le faire au retour plutôt qu’à l’aller où il y avait trop de monde. Ça méritera un pourboire pour se payer une bonne grande Lao Beer!

Je pense qu’aucune photo ne peut rendre ce que nous avons vu dans cette grotte. C’est une expérience à vivre avec tous ses sens. Et cela fait partie des choses les plus incroyables que j’aurais eu la chance d’expérimenter dans ma vie.
En sortant de la grotte nous restons à jouer dans le sable et au bord de l’eau avec les enfants, le coeur encore rempli d’émerveillement.
Nous rentrons à la guest heureux, et récupérons un peu plus tard comme convenu avec le Happy bar, deux vieux scooters semi-automatiques pour notre virée du lendemain.

Bon pour cette fois, exceptionnellement, nous n’aurons ni casques, ni rétroviseurs. Ce sera Laos Style! Il faudra donc être bien prudents.

Dimanche 12 janvier:

Prêts pour notre périple en scooter. Nous montons d’une traite jusqu’à la grande route à Na Hin. Rien d’intéressant dans ce petit village si ce n’est d’avoir des ATM car nous manquons de cash. Mais pas de chance, aucun des 3 ATM ne fonctionnent. Nous nous arrangerons donc avec la guest qui a un lecteur CB pour leur faire un virement en échange de liquide.
Nous revenons sur nos pas, tranquillement cette fois, en quête d’un endroit pour le déjeuner. Malheureusement il n’y a pas d’option entre Na Hin et Konglor pour manger à part des chips ! 🫤.

Du coup à force de chercher nous redescendons jusqu’à Konglor.

Déjeunons tardivement à notre guest qui remet en route sa cuisine pour nous, puis repartons de nouveau, toujours sur la même route ( bon en même temps elle est superbe cette route).

Cette fois nous faisons les arrêts photos que nous souhaitions. Nous aurons ainsi pu profiter des différentes luminosités de la journée car le soleil se lève d’un côté des montagnes et se couche de l’autre côté, la route descendant du nord au sud avec les montagnes de chaque bord. Nous stoppons sur le côté d’une rizière pleine d’eau, assez rare en cette saison sèche car la récolte a déjà eu lieu en novembre. Quatre paysans sèment avec rapidité leur semis de riz, bien en ligne. Nous leur demandons pour les prendre en photos et ils nous proposent de nous joindre à eux. Ils sont pieds nus dans 15 cm d’eau boueuse. Hugo se lance et les rejoint en retirant ses chaussures. Il nous dira par la suite que le bain de boue était très doux et très agréable pour les pieds. Le paysan qui le forme est patient et extrêmement souriant. Quand Hugo termine sa 2ieme botte de semis, son professeur sort du champ avec lui pour l’amener dans sa cour afin qu’il puisse se nettoyer les pieds pour remettre ses chaussures. Super sympa.

Nous terminons cette superbe promenade le soir au Happy Restaurant, meilleur resto du coin…. Je dirais même du Laos, jusqu’à présent.