17/01 au 20/01 – la petite boucle du plateau des Bolavens

Nous voilà partis en matinée sur la route qui monte vers le plateau des Bolavens.
Le plateau c’est quoi? C’est tout d’abord une terre volcanique rouge comme le bétel et très fertile.
C’est aussi un lieu où l’on peut aller à la rencontre de nombreuses ethnies. Il faut savoir qu’au Laos, 2/5 de la population sont d’ethnies différentes des Laotiens avec leur propre dialecte, culture et traditions. La plupart sont de croyance animiste, certains se sont convertis au bouddhisme et même au christianisme au contact de la population Laotienne.
Sur le billet de 1000 kips, sont représentés en 3 groupes les plus nombreuses de ces ethnies ( mais il faut savoir que le Laos en compte une centaine) Ainsi, on y découvre, en costume traditionnel trois jeunes femmes représentant ces groupes :
Au centre, la famille des Lao Loum qui habitent les plaines, à gauche une Khamu pour les Lao Theung tribu des collines, et à droite, une Hmong pour les Lao Soung tribu des montagnes.

Et le plateau c’est enfin un endroit où l’on peut admirer de magnifiques cascades.
Alors c’est parti pour le plateau des Bolavens JOUR 1:
Il y a 18 ans, j’ai fait cette route en scooter en plein Nouvel an Laos. A cette époque la route n’était que terre battue et nous nous faisions asperger de sauts d’eau et de poudre par les villageois pour célébrer la nouvelle année qui est la plus grosse fête du Laos. Les laotiens qui aiment la fête, travaillent pour dépenser quasiment tout leur argent à cette occasion. Les autres célébrations sont généralement les mariages et aujourd’hui ils commencent à célébrer les anniversaires mais cela est tout récent. Dans la plupart des villages ethniques les gens ne connaissent pas exactement leur âge, alors leur date de naissance….
Aujourd’hui nous roulons sur une route complètement asphaltée, et sans aucun nid de poule. La route est vraiment impeccable. Il y a juste quelques travaux en cours au niveau des ponts. Nous passons au travers de nombreux villages assez développés avec ATM, pompes à essence, magasins d’électronique, quincailleries…. Plus du tout l’ambiance de bout du monde d’il y a 18 ans.
De chaque côté de la route d’innombrables parterres de maisons couverts de copeaux de manioc qui sèchent sur des bâches. C’est le temps de la récolte, et tous les paysans s’affairent à déraciner, couper, mettre en copeaux, faire sécher, marcher dans les copeaux pour les retourner pour qu’ils sèchent de nouveau, mettre en sac puis les transporter sur les tracteurs pour aller les vendre. A plusieurs endroits un grossiste affiche les prix de la revente, qui sont au plus bas, car tout le monde s’est mis à cultiver le Manioc. Et sur une grosse dalle de béton une montagne de manioc est entassée pour la vente au kg.

Nous faisons les premiers 85 km qui nous amènent à notre 1iere étape Tad Lo, du nom de sa cascade. Avec Hugo, nous sommes quelque peu déçus du paysage, mais nous nous doutions qu’après ce que nous avions vu jusqu’à présent il serait difficile de concurrencer la beauté des montagnes de Tam Coc et Mai Chau ( au Vietnam) et Nong Khiaw et Konglor (au Laos).
La guest qui nous a été conseillée est en plein travaux. Il ne reste qu’une chambre double (avec salle de bain commune 😬), dans laquelle les filles se font installer des matelas au sol pour leur plus grand bonheur. Et lorsqu’elles montent leurs moustiquaires, là c’est le summum du bonheur: ambiance soirée pyjama/camping, c’est la fête. Hugo de son côté est moins festif, un peu fatigué par une mauvaise nuit, plus la déception du lieu, il part se reposer faire une sieste dans les bruits de scie à bois et de marteau 😒.
On joue avec les enfants pendant ce temps puis ensuite nous allons tous ensemble voir la cascade qui se trouve à côté de la guest.
En soirée, l’ensemble des occupants de la guest se retrouvent pour préparer un grand souper avec les locaux qui nous donnent les directives des légumes à éplucher.
Une super ambiance s’installe rapidement entre Laotiens, Français, Hollandais, Suisse…..nous faisons également la connaissance d’Alain, un québécois ancien chauffeur retraité depuis 6 ans qui a pris ses habitudes entre le Laos et la Thaïlande. Hugo sympathise bien avec lui en partageant plusieurs Laos Beer et retrouve sa bonne humeur et son humour légendaire🥳. Les filles s’y attachent aussi comme un papy de la famille.

Nous passons tous une super soirée.
JOUR 2:
Le lendemain, nous avons réservé un « petit » Trek d’une demie journée, 1ier trek des filles 💪🏼: le trek des cascades.
Nous sommes « presque » prêts à 8h quand notre guide Pierrot, un savoyard expatrié au Laos, nous rejoint à la guest. Alain est sur le pied de guerre car aujourd’hui c’est lui qui tient les rênes de la guest pour 24h en l’absence des propriétaires… Un habitué de confiance notre Alain 👍🏼.

Nous partons pour notre trek des cascades. Ce trek consiste à visiter les 3 cascades du coin en passant au travers des villages ethniques qui les entourent. Les échanges avec Pierrot sont passionnants car nous en profitons pour lui poser toutes nos questions, les filles aussi. Seul bémol, à partir de 10h il fait vraiment vraiment chaud entre les champs de manioc et la terre battue des villages et Bathilde est au bord du burn out. Pierrot que j’avais bien prévenu de notre rythme, s’adapte, ralentit, fait de nombreuses pauses et nous écourte une portion en appelant le maire du village de Tad Lo pour qu’il vienne nous chercher en Tuk Tuk. La classe 😎.

Ceci étant. Nous sommes éclairés sur bon nombre d’infos. La confirmation des investissements chinois face auxquels peu d’investisseurs peuvent s’aligner. Le gouvernement Laos refuse de découper les terrains à vendre pour des investissements touristiques de petite échelle sous prétexte qu’ils sont trop petits et préfère vendre aux chinois qui investissent sur de grandes parcelles de terrain avec des projets de gros « resorts » (complexes hôteliers). Les chinois sont le plus gros investisseur du pays ( et le Laos leur doit une dette qu’ils ne pourront jamais rembourser): Ils ont bâtis la ligne de chemin de fer reliant la province du Yunnan en Chine jusqu’à la capitale Laotienne Vientiane; L’hôpital de Vientiane, les routes asphaltées entre les grandes villes, les nombreux barrages qui sont un véritable désastre écologique car ils perturbent la vie du fleuve, le vident de poissons et d’algues qui nourrissent les populations locales, délogent les villageois du bord de l’eau, inondent des villages sans aucune compensation. Les laotiens semblent se soumettre à la situation. Il faut dire que leur gouvernement est l’un des plus répressif. Les opposants au régime disparaissent ou finissent en exile.
Le Laos avec sa tranquilité reconnue ne conjugue pas au futur, c’est un peuple qui vit (ou survit) au présent. Est-ce que cela explique pourquoi il n’y a aucune prise de conscience sur le désastre environnemental dans lequel le pays est enrôlé ?!. Je ne pense pas, car ses voisins: le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande sont tout aussi concernés par des décisions qui vont à l’encontre de la préservation de leur environnement : déforestation, extinction de nombreuses espèces et de leurs habitats, pollution à outrance par la circulation, la culture du brûlis , la non gestion des déchets qui terminent brûlés ou en dépôt sauvage, barrages hydroélectrique, construction de canaux pour modifier les voies navigables du Mékong pour des enjeux économiques propres à chaque pays, exploitation des littoraux à destination du tourisme de masse, de la pêche. Money money money…. Money Now, tomorrow who Cares?!
Mais revenons à notre trek. Le gouvernement veut réunifier le peuple du Laos. Car avec ses nombreuses ethnies le pays est un sacré patchwork culturel et religieux. Alors les différentes ethnies qui vivent dans des endroits reculés sont de plus en plus déplacées pour être approchées des villages et des villes, soit disant afin qu’elles bénéficient de services comme l’école (encore faudrait-il qu’elle soit obligatoire, accessible à tous et avec un meilleur niveau global) où seule la langue Laos est enseignée et autorisée afin de réussir à bannir les dialectes. Autour de Tad Lo, différentes ethnies sont parfois regroupées en un même village. Et chacun respecte les rites et coutumes des autres que ce soit pour la gestion des morts ( incinération ou enterrement) ou la maison des esprits. Beaucoup d’ethnies sont de croyance animiste.
Ça prend du temps au quotidien la vie d’un animiste. Croyance dans beaucoup d’esprits. Impossible de couper un arbre sans la bénédiction du Chamane ( toutes les maisons sont faites en bois). Si une personne meurt de façon non naturelle dans sa maison la maison est laissée à l’abandon. La tête de lit doit être orientée du côté du levé du soleil. Beaucoup de sacrifices animaliers sont fait aux esprits pour protection. On verse du sang de poulet sur les champs de Manioc pour qu’ils soient prospères et restent à l’abri des ravageurs. Mais finalement on s’est rendu compte que la sève de certains arbres étaient rouge sang et celle-ci est venue remplacer la sang de poulet trop onéreux. La religion s’accommode et évolue avec son temps. De façon générale les populations du Laos ( tout comme celles du Cambodge et de Thaïlande) restent très superstitieuses. Les temples aux esprits devant chaque maison en témoignent. On fait des offrandes aux « Phis » ( esprits/fantômes) pour qu’ils ne viennent pas nous tourmenter. Nourriture, argent…. tout est bon. Il y a également bon nombre de rituels, dances et chants qui leur sont destinés. Orchestrés beaucoup par le Chamane toujours présent et indispensable dans les villages ethniques.
Nous terminons le trek par une collation fait maison dans la maison du couple qui tient l’agence du trek. Ils ont fait construire leur maison au coeur d’une bananeraie, juste à côté de la rivière. Vaste maison sur pilotis où un petit garçon tout blond apprend à marcher dans son trotteur. Quelle vie à l’écart de ce que nous connaissons.

Nous rentrons à la guest. Et dînons avec un couple Suisse super sympathique rencontré la veille avec qui nous échangeons nos découvertes.
JOUR 3:

Nous poursuivons la boucle sur nos scooters, en prenant une route à la vue panoramique. C’est la plus belle portion du plateau avec les bâches couvertes de grains de café qui sèchent au soleil dans les cours des maisons en bois sur pilotis. Le tout sur fond de terre rouge. Le contraste des couleurs est superbe entre les plants verts de café, les graines pourpres ou noires, les visages bruns des enfants aux dents blanches, le linge coloré qui sèche sur les balcons des maisons… On se croirait un peu dans un western.


En après midi nous souhaitons faire la visite d’une plantation de café avec l’incontournable Mr Somphone chez qui nous sommes supposés rester. Somphone nous emmène sur son tracteur pour un grand tour de plantations….. de manioc et de caoutchouc…. de villages ethniques….. Mais pas de café 🫤. Bon les filles se ferons la vidéo sur YouTube de retour à Pakse! Merci Fred et Jamy 😆.


Nous ne restons pas chez Somphone dont la guest se remplit à vue d’œil de jeunes routards en plus des bénévoles déjà présents sur place, car nous apprenons que les seules toilettes communes à disposition sont bouchées 😬. Alors même si l’ambiance est très agréable et que les enfants du villages sont adorables avec un anglais appris avec les touristes impressionnant, nous privilégions notre confort ( sans regret) et partons dans la prochaine ville nous trouver une guest.
Ce sera la plus miteuse du voyage avec un matelas qui doit avoir plus de 100ans et dont la propreté des draps laisse perplexe. Mais la salle de bain est propre et fonctionnelle et ça en Asie, ça prime sur tout le reste !
Nous dînerons dans une cantine locale un délicieux poulet braisé.
JOUR 4:
Nous quittons sans aucun regret notre chambre pour la dernière partie de la boucle.
Nous posons nos sacs à la magnifique cascade de Tad Champee dans laquelle seuls Hugo et moi nous baignerons. Les filles la trouvant beaucoup trop froide. Le cadre est tellement enchanteur que ce serait un sacrilège de ne pas profiter de cette baignade.


Nous rencontrons un couple de français avec deux enfants. Nous les retrouverons pour dîner dans une excellente pizzeria tenue pas un italien. ( On aurait juste du éviter de diviser l’addition en 2 car j’avoue que sur ce coup là on était sacrément perdants ! 🤨).