23/12 – Le Laos chinois
Nous quittons Dien Bien Phu au petit matin. Ce qu’ils appellent un « mini-van » vient nous récupérer à 6h devant l’hôtel. Organisation vietnamienne toujours au taquet. Mais cette fois la moitié du bus est déjà chargé de sacs, de gros cartons en tout genre sur le toit et à l’intérieur. Ils nous entassent au fur et à mesure que montent les passagers. Quand il n’y en a plus, y en a encore. Le chauffeur demande à Abi de venir en avant pour laisser sa place mais je refuse car ce qu’il lui propose n’est même pas un siège et n’a pas de dossier. Il n’insiste pas, il comprend que ce sera non négociable. Aux premières lueurs du jour nous sommes déjà sur une route de montagne entourés de nature. Les ombres des sommets avec le lever du soleil qui pointe son nez juste derrière sont magnifiques, en contre bas la rivière qui serpente. Mais avec la lumière du jour vient la réalité des couleurs du paysage. Les rebords de route sont recouverts de poussière, toute cette belle nature luxuriante, les grandes feuilles de bananiers sont recouvertes d’une épaisse couche de beige foncé. On se croirait dans un film de guerre avec tout le décor en treillis militaire.
Le passage du poste frontière se fait très rapidement: bureau de sortie ✔️- bureau d’entrée ✔️. En repartant nous apercevons un peu plus loin ce que nous pensons être une cimenterie, Chinoise. Les villages pittoresques au travers desquels nous passons sont eux aussi couverts de poussière pourtant la route est faite de bitume! Cela en dit long sur l’ampleur de la circulation sur cette route. Les gros poids lourd sur la route sont Chinois. Les chinois et les vietnamiens investissent énormément au Laos. Dans les terres, les barrages électriques etc…. Les Chinois ont construits une ligne moderne de train à grande vitesse qui relie la Chine jusqu’à la capitale Laotienne avec l’ambition de la poursuivre jusqu’en Thaïlande et au Cambodge afin d’avoir la main mise sur les échanges commerciaux. Une nouvelle route de la soie de l’ère moderne en somme. Et le Laos dans tout ça : le débiteur du parrain Chinois. Une nouvelle forme de colonisation pour ce pays enclavé entre la Chine, le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande et qui était le plus pauvre de l’Asie du Sud Est.
Après une longue route dans un certain inconfort, enfin surtout pour Hugo, moi et certains autres adultes, car les enfants avaient de bons sièges, et surtout, des os d’enfants 😅. Nous arrivons enfin à Oudom Xai. Le chauffeur nous descend au pas de course pour nous lancer dans un TukTuk, du coup en recomptant les sacs nous nous rendons compte après quelques minutes que nous n’avons pas celui de Bathilde ! Stop! Demi tour ( ce qui n’est pas facile en tuk tuk sur une route étroite et en descente) . On récupère le sac et c’est reparti. Nous n’avons qu’une 10aine de km à faire jusqu’à la gare, mais le moteur du tuk tuk s’arrête avec le bruit d’un asthmatique qui n’en peut plus. Le chauffeur ne se démonte pas et tente de le redémarrer jusqu’à ce que cela fonctionne ! Et chose incroyable: il redémarre ! Il ne fait plus du tout le même bruit qu’avant, mais pas grave, on arrive saints et saufs jusqu’à la gare.
Là nous passons un portique de sécurité digne de l’aéroport, tant et si bien qu’Hugo doit laisser son canif qui nous servait à couper nos pastèques 😢.
Le train arrive. Ce n’est pas celui à grande vitesse que j’ai vu sur les photos, mais un train rapide malgré tout, très large et très haut. Notre dernière heure de voyage jusqu’à Luang Prabang est très agréable. Et nous rigolons beaucoup car à chaque fois que je tente de prendre une photo de nous avec un beau paysage en arrière nous entrons dans un tunnel ( et oui, nous sommes toujours en montage) et je dois bien m’y reprendre à une dizaine de fois, ce qui amuse aussi beaucoup nos voisines.
Sortis de la gare. On se négocie un transport jusqu’aux guest house en proposant aux voyageurs du minibus de se joindre à nous pour diviser les frais.
Nous arrivons dans une très jolie guest house réservée sur Booking par Hugo et probablement chinoise, avec des chambres spacieuses tout en bois, avec une penderie et des tables de chevets ( ça n’a l’air de rien, mais ce n’est pas monnaie courante d’avoir des meubles en Asie, et nous avons rarement de quoi suspendre nos affaires). Tout le monde est ravi et épuisé de cette longue journée de 12h de voyage. Sabaidi Laos !